Pope Joan + Publicist

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  • Production : TP

POPE JOAN (Brighton, UK) 

POPE JOAN, dans un monde parfait, devrait être le meilleur groupe de 2011.
La jeune formation de Brighton a en effet tout pour plaire : un batteur qui connait son punk funk sur le bout des baguettes, une guitare qui sait tout faire, un synthé plein de matières organiques, et un chanteur métisse beau comme un camion qui rappelle (sexuellement) un Morrissey jeune (ou Twin Shadow selon l’âge du lecteur). Deux EP, des morceaux qui ne sortent pas de la tête et quelques vidéos live sur leur myspace ont suffi à nous convaincre de les inviter. Entre fulgurances post-punk très « art rock », recherches sonores et rythmiques hybrides, on est là au tout début d’un groupe qui nous offre une musique évidente ET innovante, sur laquelle on est prêt à parier qu’elle peut littéralement exploser : ne leur manque maintenant qu’un gros label pour conquérir le monde. (FL)

PUBLICIST (Somewhere in the world) 

Sous le nom de PUBLICIST se cache Sebastian Thompson, batteur des géniaux Trans Am (et aussi de Weird War avec Ian Svenonius et de DeadKids).Seul derrière sa batterie, au milieu du public, avec ses basses synthétiques et un micro plein de vocoder, le beau Sebastian ne semble avoir qu’un seul but : faire danser. Le truc en plus de Publicist ? Le mieux c’est d’écouter son album, une vraie collection de tubes. Et aussi de lire son « manifeste ». Un régal. Le voici. (FL) 

LE MANIFESTE DE PUBLICIST 

1. Le post-modernisme a essayé d’effacer la nature humaine, et avec elle notre besoin de catharsis, de sexualité, et d’extase commune, dans l’instant, dans le réel. 
2. Dans le passé, avant l’époque classique grecque, le théâtre a été une expérience partagée de danse et de chanson, sans distinction entre l’interprète et le spectateur. «L’orchestra» était l’endroit où cette expérience commune avait lieu, et il n’y avait pas de scène. 
3. Cette tradition de bacchanale collective a survécu à travers les âges, notamment dans les carnavals et dans les «juke joints» du Mississippi.
4. Avec l’arrivée de l’industrie de la musique capitaliste moderne, le «participant» a été transformé en «consommateur» puis en «spectateur». La scène, vestige de la séparation «petit bourgeois» entre musicien et public, a cimenté cette dissolution. 
5. Notre époque du fétichisme de la machine et de la lâcheté physique nous a aussi volé le corps humain comme créateur d’expression musicale, et nous a volé le potentiel de la célébration commune de la sueur et des muscles. 
6. Le rôle du public en tant que spectateur passif a été tellement enraciné que c’est seulement lorsque la musique fut reproduite par des machines autonomes (platines, play-lists) que le public s’est enfin senti libre de pouvoir y participer. 
7. Mais revenir au pouvoir du muscle comme seule force motrice pour une expérience musicale partagée ne suffit pas. Ce serait conservateur, ce serait une attitude rétrograde qui nous priverait de la beauté et de l’efficacité des machines. 

Il n’y a que deux solutions 

1. Il doit y avoir une synthèse entre l’homme et la machine pour obtenir une véritable expérience musicale contemporaine. Il doit y avoir des muscles, des tendons et de la sueur (pas seulement des doigts qui appuient sur «play») et aussi de vrais instruments électroniques (surtout pas des ordinateurs), qui répéteraient au bon tempo des sons beaux et efficaces.L’instrument qui ne peut pas exister sans les muscles et la sueur, c’est la batterie : nous devons donc nous tourner vers la batterie et la musique électronique séquencée.
2. Il ne doit y avoir aucune barrière artificielle entre l’interprète et le spectateur. Il ne faut plus de scène. 

Ainsi, nous avons Publicist. 

Brighton / pop / punk funk / hits / moustache / pretty boys / incredible style / dancing beats / charming men POPE JOAN
one man band / drums / vocoder / Trans Am / basslines / disco / muscle / amour / electro / club punk / sueur PUBLICIST