Le Volume Courbe + Ela Orleans
- Girls power !
- Le Club
- Production : TP
Festival LES FEMMES S’EN MÊLENT
LE VOLUME COURBE (Londres, UK)
Le Volume Courbe, c'est d'abord un disque sorti en 2006 chez Honest Jon's, le label de Damon Albarn, qui nous avait fait entrer dans l'intimité des chansons de Charlotte Marionneau. Des chansons qu'elle avait enregistrées dans sa chambre, avec l'aide précieuse d'amis bienveillants (Hope Sandoval et David Roback de Mazzy Star et Kevin Shields et Colm O’Ciosoig de My Bloody Valentine). Un album lo-fi plein de poussière et de tendresse douce amère, qui malgré ses qualité indéniables n'était pas vraiment calibré pour les radios, mais qui marqua assez durablement nos petits coeurs à l'époque pour être vraiment content d'apprendre son retour, sous forme d'un EP 4 titres (dont une reprise de Roky Erikson et une autre de Nico) sur le tout nouveau label de... Kevin Shield, encore lui, fidèle à la belle (on se souvient qu'elle avait assuré des premières partie de My Bloody Valentine en 2008, telle une allumette contre un volcan). Un drôle de parcours musical donc, pour la jeune fille qui quittait pour Londres, en 1995, sa Vendée natale et ses amis d'alors (Les Little Rabbits, aujourd'hui French Cowboy et dont le label, Havalina, sort en France le disque du Volume Courbe : fidélité encore). Son retour en disque, et en live, nous promet-il un véritable nouvel album pour bientôt ? Impossible à dire, Le Volume Courbe joue à cache-cache. On lui posera la question directement, c'est plus simple en fait. Toujours est-il qu'on a hâte d'écouter et voir en concert ces chansons qui nous trottent dans la tête depuis des années, ces comptines électro-pop graciles et bricolées qui méritent grandement qu'on s'y replonge. (FL)
ELA ORLEANS (New York, U.S.A.)
Ela Orleans est une jeune femme mystérieuse dont les albums suffisaient à notre bonheur. Il a fallu quand même se renseigner sur cette Polonaise résidant à New York pour vous raconter des choses, et on s'est vite rendu compte que sa musique parlait autant que sa biographie (elle a récemment intégré un prestigieux programme de la Broadcast Music Inc. (Composing For The Screen) pour la création musicale du septième art). Deux albums ("Lost" en 2009 et "Mars Is Heaven" cette année), une cassette et un split EP avec Dirty Beaches auront suffit à dessiner des étranges atmosphères, à la fois cinématographiques et (retro)futuristes - on pense forcément un peu aux expériences expérimentalo-pop de White Noise et Delia Derbyshire - traversés d'une voix spatiale dont les échos, eux, renverraient à un Velvet Underground passé au filtre de Broadcast. Sans bien comprendre d'où provient la musique d'Ela Orleans (Samples ? Guitares ? Piano ? Violon ?), on est toutefois immédiatement envoûté par son grain, entre poussières de vinyle, poussières d'étoiles et grandes ondes, par l'espace qu'elle dégage (Eglise, hangar ou voie lactée ?) et des textures si particulières qu'elles renvoient des images que Lynch aurait pu filmer dans les années 20. Mais on entend surtout des réminiscences 50's-60's (Dirty Beaches n'est pas loin), une délicatesse immense et un chaos parfois bruitiste. Ela Orleans fascine, envoûte et invente un territoire duquel on voit des cascades de galaxies à oeil nu. Inspiré par la nouvelle Mars Is Heaven! de Ray Bradbury (une illusion de paradis créée sur Mars par des extra-terrestres pour berner tragiquement les terriens qui s'y aventureraient), ce nouvel album transpose en son une sensation lunaire d'apesanteur, onirique et tragique qui impose la jeune femme comme une merveilleuse machine à fabriquer des images, ou, comme elle-même le dit, "des films pour les oreilles". Des films beaux, des films tristes, des films qui marquent. Encore un coup de coeur de 2012. (FL)