La Ruda
- Chanson rock
- La Grande Salle
- Production : BETON PRODUCTION
LA RUDA (Angers, FR.)
Voici comment un journaliste de Libération annonça les concerts de La Ruda en 2005 et en 2011 : "La Ruda, ce soir à Paris : concert pour punks à chien". Un groupe victime du snobisme culturel ? Ce n’est pas un cas isolé et cela les a toujours fait rire plus que ça ne les a affectés. Béton ne s’y est jamais trompé, accueillant leurs prestations survitaminées à Aucard de Tours, à La Pléiade, à Montlouis, au Bateau-Ivre plus d’une fois, recrutant même un des membres pour animer l’antenne du 93.6. Une vieille histoire de fidélité tout au long de ces 19 ans de carrière, faisant fi des considérations élitistes. Car si La Ruda possédait une pointe de snobisme, ce serait de s’évertuer à chanter en français des paroles qui ont du sens plutôt que de balancer des banalités en anglais. C’est casse-gueule dans un milieu Rock plutôt anglophone mais la bande angevine préfère bien souvent prendre le contre-pied. Dénigrer les concerts parisiens, refuser de tronquer un titre pour qu’il passe sur M6 (à l’époque où cette chaîne était "musicale"), exclure l’idée même d’allonger 50 000 francs pour faire l’Olympia, décliner les propositions d’éditeurs pour ne pas retrouver sa musique sur une pub de shampooing, produire un disque de reprises à l’accordéon alors que la mode est aux remixes, ce n’est pas du snobisme mais de l’éthique. Certes, l’éthique ne ramène pas beaucoup d’oseille mais ça apporte du crédit et forge une image d’intégrité qu’on ne peut pas leur enlever. Leurs fans le savent et ont rarement été pris à défaut. Des fans choyés par les membres du groupe, à tel point que c’est la « street-team » qui s’organise parallèlement, accompagnant la vie de ce groupe tout-terrain dans les moindres recoins de France et de Navarre. Car les membres de La Ruda sont capables d’assurer un concert devant 30 000 personnes dans un festival français et d’enchaîner dans la foulée une prestation glauque dans un squat italien anarchopunk un soir de 21 avril 2002. La Ruda ne se fatigue jamais de tourner, dans toutes les situations. A l’image de La Mano ou des Shériffs qui les influencèrent autant par leur état d’esprit que par leur musique. Plus de 1000 concerts au compteur, avec chacun son anecdote, n’altèreront pas leur bonne humeur. Les démineurs de la Police Nationale qui ont brisé la vitre du camion de matos garé devant l’ambassade turque en pleine crise politique kurde peuvent en témoigner ! Les plans galères se transforment en légendes, La Ruda se sentant privilégiée de faire ce métier. Eux qui ont débuté en bande de copains se sont retrouvés collègues de travail, à vivre 24h/24 dans les mêmes camions, dans le même local de répète, dans les mêmes loges, dans les mêmes piaules d’hôtel. Certes la vie d’un groupe n’est pas toujours rose et on comprendra qu’ils veuillent y mettre un terme. La formation d’aujourd’hui (à un musicien près) est la même que celle de 1994, preuve d’une constance et d’une intelligence humaine dans les périodes de succès mais surtout dans les périodes de doute et de déconfiture. D’où le choix d’une dernière tournée ; pour eux, pour les fans, pour ceux qu’ils ont aimé croiser et pour le journaliste de Libération qui n’aura jamais fait l’effort d’ôter le film plastique du disque reçu dans sa boîte à lettres. (Radio Béton)