Cascadeur + Mansfield Tya

  • CHANSON POP
  • La Grande Salle
  • Production : TP

CASCADEUR (FR)

Cascadeur a réussi à toucher le coeur du grand public malgré un certain nombre de bâtons dans les pattes, donc évidement, l’idée nous plaît. D’abord le personnage, mystérieux, jamais vu autrement qu’avec un casque de moto ou un masque de catch mexicain qui lui cache le visage (il n’est donc pas aimé pour ses beaux yeux, premier bon point). La musique ensuite, réduite à son plus simple appareil, juste un piano et des nappes de synthé, est assez inédite (deuxième bon point), et Cascadeur chante en anglais, parce qu’il a envie (troisième bon point, il fait ce qu’il veut). Le reste, c’est du talent, et une voix phénoménale, qui évoquera pour certains Tim Buckley et Robert Wyatt, et un univers pas loin, pour d’autres, de Christophe ou Sébastien Tellier (mais on parlera aussi de Broadcast, dont Cascadeur est fan, ça se sous-entend). Son album «The Human Octopus» est un voyage en apesanteur, on est tour à tour au-dessus des nuages et dans des fonds sous-marins baignés de rayons de soleil, on se laisse porter et le temps n’a plus aucun sens. Sur scène, le dispositif vidéo de ce diplômé en arts plastiques invite lui aussi à l’envol. Un projet vraiment atypique qui offre le moment de répit dont on semblait, sans le savoir, avoir besoin. Cascadeur nous emmène en voyage et on se laisse faire, on lâche prise, on est bien. (FL)

MANSFIELD TYA (Nantes, FR)

A force de parler de la musique qu’on aime, on en arrive toujours à la même conclusion : il est toujours question de singularité, d’étonnement et de surprise. Mansfield TYA ne déroge pas à la règle, ces deux nantaises sont absolument uniques. Dès leur premier album «June», qui mariait délicatement violon, guitare, piano et chant en anglais et en français, on n’a jamais vraiment réussi à expliquer ce qu’était cette musique. Chanson ? Non, trop réducteur. Mansfield TYA, c’est d’abord des ambiances magnifiques, ici mélancoliques, là grinçantes, émouvantes, rageuses. Le minimalisme de leurs chansons, qui peut évoquer Dominique A ou pourquoi pas Shannon Wright, Tindersticks ou Scout Niblett (pour donner vaguement une idée de la chose), dégage une force incroyable, portée par une maîtrise inouïe de l’espace, des textes et des voix superbes, des compositions impressionnantes et un jeu (violon, piano, guitare) virtuose mais délicat... Le talent de Mansfield TYA, énorme, est de faire autant avec si peu. Sur leur avant-dernier album, une batterie faisait son apparition ; sur ce nouveau «NYX», c’est une boîte à rythme qui est appelée à la rescousse, ainsi que des sons de basse synthétique : Mansfield TYA gagne en ampleur, en singularité aussi et, curieusement, en accessibilité «grand public», notamment avec «Des Coups, Des Coeurs», qui devrait déferler sur toutes les radios cet automne, ce serait logique tellement c’est un tube. C’est tellement difficile de parler de Mansfield TYA qu’on va juste vous conseiller de venir les voir en concert, c’est comme ça qu’on les a connues et on ne s’en est toujours pas remis. (FL)

Tim Buckley / Robert Wyatt / Broadcast / piano / casque / voyage CASCADEUR
Chansons crépusculaires MANSFIELD TYA