Lescop + Mensch

  • cold / pop / post-punk
  • La Grande Salle
  • Production : TP

LESCOP (Fr.)

L'avantage de sortir ce fascicule tous les deux mois, c'est qu'on écrit sur les groupes au dernier moment, et pour le cas de LESCOP ce qui est bien c'est que vous avez dû déjà lire plein d'articles, et écouter l'album (dans votre chaine hi-fi, à la radio, sur internet etc). Donc on n'a plus trop besoin de s'arracher les cheveux à essayer de ne pas utiliser les mots "Taxi Girl" ou "Etienne Daho", d'autres l'ont fait avant nous. La question qui nous taraude en revanche, et dont on n'a pas encore trouvé la réponse, c'est "quel âge a Lescop ?". Parce que pour assumer aussi magistralement tous les hommages qu'il rend aux années 80 dans son disque (les années 80 de Taxi Girl, vous aurez compris), il faut soit être très jeune et inconscient des critiques qu'on va se prendre dans la tronche – oui, c'est invraisemblable mais il y a des gens (les pauvres) qui n'aiment pas Taxi Girl. Ou alors être pas loin de la quarantaine et savoir exactement ce qui était BIEN dans les années 80, pour avoir connu le pire. On va dire que Lescop est juste un garçon d'aujourd'hui, qui, contrairement à 90% des chanteurs français, arrive à nous dresser les poils avec ses allusions sans masques (même la pochette nous fait penser à une reprise de l'artwork de Saudade d'Etienne Daho avec le visage de Daniel Darc, t'imagines ?). Car au-delà de ses textes qui remettent sérieusement la langue française dans la course du chantable (on a même pensé aux premiers Dominique A par exemple, et c'est un énorme compliment), la musique est juste parfaite d'équilibre, avec une basse omniprésente carrément géniale, des rythmiques sèches et dansables, et ici et là quelques touches de guitare ou de synthé, tout en préciosité post-punk, avec une assurance que rarement "groupe français" nous aura donné à entendre ces dernières années (disons-même ici à "écouter"). Lescop aura peut-être la carrière d'un Daho (on lui souhaite), ou d'un Daniel Darc, d'un Jacno... car cette pop là, c'est une tradition française née avec le punk anglais, et qui est passée grâce à la magie de la vie, chez Michel Drucker. On applaudit, on soutient, on adhère. On aime. Et surtout on attendait son retour depuis longtemps. Merci LESCOP. (Vous noterez que nous n'avons pas parlé d'Indochine, ce qui est tout à fait normal. En revanche on aurait pu parler des Smiths et de Joy Division. Mais bon, y a plus de place maintenant). (FL)

 

MENSCH (Lyon, Fr.)

Les deux filles de Mensch en première partie de Lescop, parfait pour le pitch : le même son de basse qui tue, même rythmiques punknew- wave proto-LCD Soundsystem, le lien est vite fait. Sauf que si les demoiselles sont également françaises, elles, elles chantent en anglais, et leurs références sont moins Taxi Girl que Joy Division (LE point commun entre Mensch et Lescop donc). Il y a dans cette économie de moyen chez Mensch (une basse, une guitare, une boite à rythme), une puissance infernale au service de vraies chansons. Des chansons "chantées" et non pas "hurlées" comme vous auriez pu le croire après avoir lu le mot "punk" dans ce texte. Sachez que quand on écrit punk dans ce fascicule, c'est une manière détournée de dire "libre", "effronté", et crassement classe. Musicalement d'ailleurs, il n'y aucune raison, je dis bien AUCUNE RAISON que les tubes de Mensch ne passent pas sur Nova, le Mouv ou France Inter. Pourtant, leurs chansons, on ne les a jamais entendues à la radio. Sauf sur Béton bien sûr. C'est comme ça, c'est la vie. C'est un peu injuste c'est sûr, mais ça ne les empêche heureusement pas de faire de belles tournées dans des salles accueillantes qui ne se basent pas sur l'audimat. Quand on pense que Pj Harvey ou Gossip ont commencé sur de chouettes micros-labels indépendants, on se dit que tout n'est pas perdu pour elles. C'est la scène qui va les rendre célèbres, autant dire que vous feriez mieux de ne pas arriver trop tard. Bisous. (FL)

 

 

Cold Wave / Chanson LESCOP
post punk / duo / guitare / basse / filles / Vale Poher MENSCH