CHARLIE O. + CHARLES COHEN + RABIH BEAINI + JAMES HOLDEN presents The Inheritors

Le Temps Machine et le Petit Faucheux présentent : SUPER FLUX - 18 > 22 mars
  • Synthés modulaires / Post techno
  • La Grande Salle
  • Production : TP

CHARLIE O.  (Marseille, FR.)

Charlie O. est un (vieux) copain du Temps Machine, d’ailleurs c’est même lui le premier à avoir joué ici, la veille de l’ouverture officielle, pour cette soirée « test » avec Dustin Wong, Bosco et Nightclub Sandwich. Et puis il est revenu l’année dernière avec Mendelson : le beau mec derrière les claviers dans le groupe de Pascal Bouaziz, c’était lui. Alors oui, soyons clairs tout de suite, Charlie O. n’est PAS Charlie Oleg (comme ça, c’est dit). Charlie O., c’est un homme avec son orgue Hammond (un C3 de 1962 avec sa cabine Leslie de 1972) et son camion (un C3 et une Leslie, c’est aussi gros qu’une armoire normande qui fait une sieste, donc il faut un camion). Et c’est surtout aujourd’hui une figure incontournable citée systématiquement dès qu’il est question dans une discussion d’orgue Hammond ou des gens avec qui il a joué ces 20 dernières années : car Charlie O. ne se range pas dans un style, mais dans un « son ». Que ce soit avec la Poésie B, Quentin Rollet et son sax libre, les guitaristes Noël Akchoté et David Grubbs, les batteurs Steve Argüelles ou Mitch Pirès, des gens aussi singuliers que Katerine, Peter Van Poehl, Jean-Louis Costes, Etienne de Crecy, Akosh S, Red, Cosmo Vitelli ou encore Mathilde Monnier, Cédric Klapish ou John B. Root (oui oui), Charlie O. sort des disques, joue sur ceux des autres, joue beaucoup en live avec les autres et, comme il le dit lui même, « adore aussi jouer du Hammond pendant des heures, un peu à la manière d’un DJ, pendant trois, quatre, cinq ou six heures, sans pose (ni pause, ndr), juste un verre de temps en temps ». Pour cette édition de Superflux, nous avons décidé de lui rendre hommage – un hommage qu’il a accepté avec une excitation toute particulière – en lui offrant les quatre jours du festival, au Temps Machine et au Petit Faucheux, dans les halls desquels il nous fera ses fameux sets non-stop, de l’arrivée du public jusqu’à la fermeture (le plus difficile sera peut-être de l’arrêter pendant les concerts des autres groupes). 

Pour les fans d’orgue Hammond bien sûr ! Et de spiritual cool jazz galactique super sexy et groovy.   (FL)

CHARLES COHEN (USA)

En seulement un an, et grâce à quelques coups de chance, des belles rencontres et autant de beaux disques de rééditions, Charles Cohen est enfin sorti d’un invraisemblable anonymat (malgré son statut de musicien culte aux yeux de quelques spécialistes de synthés modulaires de par le monde) pour toucher les petits coeurs d’une multitude de fanatiques de musique électronique, sinon plus. A la vitesse d’une traînée de poudre, les trois disques réédités par Rabih Beaini sur son label Morphine l’année dernière sont ainsi passés de mains en mains, et surtout d’oreilles en oreilles, jusqu’à rendre complètement marteau le monde de la techno actuelle qui s’est découvert, sans s’y attendre, une nouvelle figure paternelle, un pionnier inattendu... et encore en activité !
Musicien de Philadelphie, Charles Cohen joue en effet depuis 40 ans de son synthétiseur modulaire portatif Buchla Music Easel, instrument aussi rare que mythique fabriqué par le pionnier Don Buchla, à seulement 25 exemplaires en 1973 (et, pour les initiés, agencé sur une architecture électronique différente de celle des Moog ou autre Korg et Roland, et donc au son absolument singulier et identifiable). Improvisateur virtuose qui aime à citer Cecil Taylor parmi ses influences, Cohen est un avide performeur live, amoureux de rencontres, de musique avec les autres, pour les autres, de transmission et de pure joie de jouer. Un musicien allergique au studio qui n’a sorti au final que très peu de disques (avec Jeff Cain sous le nom de Ghostwriters par exemple), même s’il publie régulièrement ses fameux « bleep of the week » sur soundcloud depuis plusieurs années. En revanche, il a chez lui de nombreuses cassettes d’enregistrements de musiques qu’il avait réalisées pour des pièces de danse et de théâtre dans les années 70 et 80, ces fameuses cassettes, véritables trésors, que Rabih Beaini a réédités sur son label. Et là où le timing a joué en la faveur de la reconnaissance (tardive mais unanime) du maître du Buchla, c’est que sa musique apparaît aujourd’hui comme un troublant reflet en miroir des dernières avant-gardes excitantes de la musique électronique. Ainsi, de James Holden à Etienne Jaumet, de Luke Abbott à Jon Hopkins, Four Tet, Pantha Du Prince, Lee Gamble, Actress, Andy Stott, Hieroglyphic Being jusqu’à Boards Of Canada ou encore Broadcast, tous rendent inconsciemment hommage aux  sculpturales percussions analogiques, aux ambiances immersives et aux textures radieuses, chaudes et vraiment captivantes des pièces de Charles Cohen de la fin des années 70, à l’époque où Kraftwerk nous faisait croire que la techno viendrait de robots de Düsseldorf qui réinventeraient la pop, alors qu’elle venait en fait d’un improvisateur de free jazz de Philadelphie, qui dans le sillage de figures telles que Terry Ryley, Conrad Schnitzler, Pauline Oliveros, Steve Reich, Morton Subotnick ou Silver Apples, humanisait et poétisait les oscillateurs électroniques sur une douce et intense pulsation binaire. N’est-il pas ainsi de l’ordre de la grande et juste logique des choses que Charles Cohen soit aujourd’hui enfin découvert par la jeune génération de la musique électronique, au moment où elle-même (re)devient humaine, débridée, pleine de surprises, sensuelle et sensible ?

Pour les fans de techno minimale et aussi de Conrad Schnitzler, Terry Riley, Dieter Moebius, Edgar Froese, Robert Ashley, Bruce Haack, etc.  (FL)

RABIH BEAINI (Liban / Italie)

Rabih Beaini (aka Morphosis aka Ra.H) véritable artisan de la techno underground depuis le milieu des années 90, ne cesse de construire des ponts entre techno, impros électroniques, dark wave, krautrock et jazz cosmique, que ce soit dans ses DJ set épiques, ses live avec ses synthés analogiques et boîtes à rythmes ou encore avec les sorties de son label, Morphine Records (sous titré « raw soul revolution », « collapsing borders and fields » ou juste « fine electronic music ») et la programmation de son célèbre club à Venise (Elefante Rosso), spécialisée dans les concerts de free jazz, de musique expérimentale, de noise ou de techno. On retrouve notamment toutes ces influences (de Sun Ra à Pan Sonic on va dire) dans son album “What Have We Learned” sorti en 2011, qui lui a valu une reconnaissance mondiale et permis de propager sa bonne parole dans les plus hauts (beaux) lieux prescripteurs de ce que tout le monde écoutera dans quelques années. Ses disques suivants, chez Honest Jon’s, sur le label libanais Annihaya ou sur Morphine l’ont depuis clairement imposé comme un des musiciens électroniques les plus curieux et fascinants d’aujourd’hui, à la fois avant-garde et lumineux, et surtout ouvert sur le monde, et sur l’histoire – écoutez-donc les disques de Upperground Orchestra sur lesquels il s’entoure de vrais musiciens de (free)-jazz, c’est dément. Le fait qu’il ait réédité les fabuleux morceaux des années 70 et 80 de Charles Cohen est également la preuve que ce doux garçon a aussi le nez fin, et est surtout motivé par une passion sans faille de transmission, de partage. Un chouette type, multi-casquettes, qui se faisait joliment complimenter comme un « inconnu incontournable acoustiquement imprévisible » avant de devenir l’indispensable artiste qu’il est aujourd’hui. Ah oui, j’allais oublier : la musique de Rabih est, aussi (surtout ?), très dansante. Ouf, j’ai bien vu que vous commenciez à flipper.

Pour les fans de Sähkö, Raster-Noton, Vatican Shadow, Luke Abbott, Jon Hopkins, Four Tet, Pantha Du Prince, Lee Gamble, Actress, Andy Stott, Hieroglyphic Being etc etc.   (FL)

JAMES HOLDEN presents The Inheritors  (UK.)

James Holden, pour beaucoup d’entre vous, fait figure de héros électronique absolu, de classe définitive, de musique libre et unique. Ok, nous aussi... Dur d’écrire une page sans se noyer dans un mutisme incontrôlable provoqué par la joie immense d’accueillir celui qui est pour nous un des rares musiciens à toucher du doigt cette vérité mythologique que l’on cherche dans la musique. Déjà, à la sortie de son premier album « The Idiots Are Winning » en 2006, le choc avait été mondial : cette techno devenait définitivement impossible à définir avec des mots, alors « Holden » ou « Border Community » (et « Nathan Fake » bien sûr) sont devenus de nouvelles façons de décrire cette musique électronique dansante et futuriste, nouvelle et immédiate, sensible et violente, cotonneuse et tranchante comme un rasoir, hypnotique et définitivement humaine. Et il aura fallu attendre 7 ans (et se consoler avec deux super compiles mixées entre temps, qui donnaient une bonne idée des goûts larges et pointus du monsieur) pour écouter « The Inheritors », deuxième album en forme de trip indéfinissable de 75 minutes dont les centaines d’écoutes n’auront pas suffi à nous donner le sentiment d’en avoir fait le tour : James Holden nous a emmené dans un voyage chamanique dont on ne revient pas, absolument invraisemblable, unique et, là vous devez avoir compris que je n’arriverai pas à en dire plus. Ce mélange de musique hybride « analogique-digitale », piloté avec les possibilités granulaires infinies de MAX/MSP et bousculé par des synthés modulaires empiriques, la frappe de Tom Page (le batteur exceptionnel de maîtrise et de justesse de Rocketnumbernine) et le saxophone solaire d’Etienne Jaumet (pour couronner le tout) provoque des images de cellules primitives, de danses d’amibes, de chants stellaires, de symphonies sous-marines, de mers volcaniques... Et pourtant, en fin de compte, ce trip païen inspiré de légendes anglaises dans lequel nous plonge Holden est bien à lui, comme il le précise lui-même : «Je voulais que ce soit un tout nouveau monde, une mythologie, complète. Par opposition à un produit dans un cycle : une version idéaliste et démodée de ce qu’est un album ». La liberté de James Holden tient du miracle : n’importe qui d’autre aurait laissé la facilité prendre le dessus et gonfler son compte en banque. Bon, je vous concède que s’il a dû faire des remixes à l’oeil pour ses amis Kieran Hebden, Caribou, Nathan Fake ou Mogwai, rien ne semble nous dire qu’il en fut de même pour ses remixes de certaines grosses stars mondiales. Quoi qu’il en soit, il est important de faire la différence entre le James Holden DJ et le James Holden musicien : c’est le deuxième qui nous tue le plus, et ça tombe bien parce que c’est lui qui viendra, avec son groupe, pour un concert qui nous fait déjà nous demander lequel nous serons obligé de déclasser dans notre top 5 pour l’y faire figurer.

Pour les fans de Four Tet, Nathan Fake, Caribou, Rocketnumbernine, Etienne Jaumet.   (FL)



Orgue Hammond C3 / Leslie / groove CHARLIE O
Pionnier / Synthé modulaire / Buchla CHARLES COHEN
Morphosis / Morphine Records / Abstract techno RABIH BEAINI
Border Community / The Inheritors JAMES HOLDEN PRESENTS THE INHERITORS