High Wolf + Nah + Tomaga
- Psychedelia & Dangerous beats
- Le Club
- Production : TP
THE DRONE - the-drone.com
On a beaucoup parlé de ZAD (Zones à Défendre) ces derniers temps, et c’est la première image qui m’est apparue lorsque j’ai décidé de m’atteler à ce texte de présentation du webzine musical The Drone avec lequel nous avions envie de faire cette soirée – même si « zone de défense » serait plus juste au fond, car il est bel est bien question ici de défense d’une culture underground, sinon alternative, prescriptrice, innovante, et toujours à l’affût de formes singulières. Et nous envisageons le fait que The Drone ai le même âge que nous au delà d’une simple coïncidence (The Drone a décollé presque le même jour que la soirée « En Attendant #1 » en septembre 2009). Loin de nous comparer à cet excellent webzine, il est toutefois notable de souligner quelques intérêts communs et apprécier la qualité de leurs interviews et concerts filmés, notamment de groupes que nous avons aussi accueilli au Temps Machine (dont la liste est plutôt belle et longue au final : Nisennenmondai, Turzi, Electric Electric, Pneu, Akron/Family, Etienne Jaumet, Beak>, Zëro, Papier Tigre, Thee Oh Sees, K-X-P, Anika, NLF3, Cheveu, Glenn Branca, James Pants, Dirty Beaches, Duchess Says, Silver Apples, Ian Svenonius, Dan Deacon, JC Sàtan, Zombie Zombie, La Femme, Mondkopf). The Drone se décline en effet sous trois grand axes : les interviews / concerts filmés, les Dronecasts (plus de 130 mixtapes proposées par une multitude de musicien, tous plus cools les uns que les autres), et les 3000 posts sur le blog, plein d’écoutes d’albums en avant première, et des rubriques récurrentes comme le fumeux « panier de crabes » (les titres techno / house de la semaine), des chroniques, des redécouvertes de musiciens oubliés etc. Considéré aujourd’hui, et à tort, comme un webzine purement électronique avant-garde, The Drone propose surtout un regard précis et affuté sur les musiques en marge, avec quelques marottes comme Deerhoof, Ariel Pink ou Burial, des incongruités pour gagner du clic (rangées dans l’onglet « shitlist ») et surtout des écoutes d’album en exclu, souvent partagées avec Gonzai et New Noise : soit le tiercé essentiel des fournisseurs de musique au Temps Machine. Pour son 6ème anniversaire, The Drone part sur la route en 2015. Paris, Metz, Bordeaux et Tours donc, tout ça avant le lancement de sa nouvelle mouture dans le courant de l’année.
Pour cette soirée pleine de belles promesses d’expérimentations kaléidoscopiques, l’équipe de THE DRONE aura carte blanche aux platines et aux vidéo-projecteurs. On s’occupe du gateau. (FL)
HIGH WOLF (FR.)
Pour Nico, notre fabuleux chargé de prod, High Wolf est son substitut à la plongée sous-marine. Hors plaisanterie, il est vrai que la musique de High Wolf peut évoquer de beaux fonds marins, avec des vestiges de civilisations perdues, de tradition ancestrales oubliées. Il y a aussi des fantômes de sorciers antiques dans ses boucles de guitares gorgées de reverberation, dans ses nappes infinies et ses percussions tribales, des sensations mystiques, cosmiques, psychotropes, qui rebondissent lentement comme les gouttes d’huiles colorées d’une lampe matmos, ces flash au ralenti qui illuminent les cerveaux en apesanteurs des aventuriers qui ont vécu des expériences chamaniques au plus profond de la forêt amazonienne. High Wolf fait surtout partie de ces géniaux musiciens dont les disques circulent sous le manteau, comme une puissante drogue qui, même si légale, emmène très loin ses consommateurs.
Pour les fans de Vibracathedral Orchestra, Sun Araw, Gnod, Ducktails, Low Jack, Not Not Fun, F/LOR. (FL)
NAH (USA)
C’est Will Guthrie qui nous a vendu NAH, parce qu’avant de faire cette soirée estampillée The Drone, on voulait faire une soirée Cable#, le « festival de musique expérimentale, noise, improvisation, performance, danse, diffusions, séances d’écoutes, crade rock, musique acoustique, électronique, électroacoustique, minimal, maximal, poésie sonore, moving image, musique électroacoustique, free spazz, free jazz, électronique, drone… à Nantes » dont nous adorons la programmation. Mais le calendrier était compliqué (pour la petite histoire on devait avoir Deerhoof ce soir là aussi), et finalement, dans l’urgence jusqu’à la dernière minute, on a fini par réussir a monter ce super plateau qui est donc aussi une déclaration d’amour au festival Cable#. Et puis on les remercie surtout du fond du coeur pour la découverte de NAH, batteur / producteur américain aujourd’hui vivant à Bruxelles dont les albums (dispo sur bandcamp) nous on complètement retourné la tête. Jeune ancien punk, NAH s’inscrit dans cette veine un peu noise punk hip-hop difficile à définir (type Death Grips, Clipping, B L A C K I E, Moodie Black ou Techno Animal – vous voyez mieux ?), sauf qu’il est en solo avec sa batterie et ses samplers, et que le hip-hop n’est pas vraiment la première chose qu’on entend dans sa musique, sinon l’énergie et qu’il aime bien mettre « fuck » dans les titres de ses morceaux. Artiste protéiforme s’il en est, NAH a un jeu de batterie qui pourrait faire penser à du PNEU hip-hop, et les sons qui sortent de son sampler ont plus à voir avec du noise-punk-avant jazz qu’avec les samples soul-funk de Public Enemy. Bref, vous avez déjà l’eau à la bouche, et c’est bien normal : ça va défoncer.
Pour les fans de Pneu, Death Grips, Will Guthrie, Moodie Black. (FL)
TOMAGA (UK)
Mettons-nous tout de suite dans le contexte, Tomaga est un duo formé par Tom Relleen et Valentina Magaletti, que vous connaissez surtout pour être bassiste et batteuse de The Oscillation, un de nos groupes chouchous. Pas vraiment des complets inconnus donc, même si cela est bien relatif, oui, on sait. Mais malgré tout il sera bien difficile de faire quelque analogie que ce soit pour parler de la musique de Tomaga. Eux même ne parlent que de leur dispositif, assez poètiquement même. Ils parlent de synthés analogiques percussifs, de collision de vibrations rythmiques et tonales, de micros contact, d’improvisation, d’instruments poussés au delà de leurs limites et de visite de zones méconnues d’une expérience musicale traditionnelle, résumé par l’ennui de deux musiciens à jouer dans un cadre musical conventionnel. A partir de ces quelques mots, le curieux qui est en vous devrait déjà avoir les jambes qui tremblent de joie. On attend fébrilement nous aussi de voir comment ils arriveront à recréer sur scène cet album vraiment singulier, plongé dans la même poussière de météorite que les derniers Broadcast, qui brouille perpétuellement les pistes en traitant batterie et synthés comme pure matière sonore rêveuse et, oui, plutôt psychédélique, faisant se rencontrer musique concrète et dub, collages futuriste 50’s et évocations parfois jazz ou industriel. Tomaga arrive à toucher ce moment où le lâcher prise devient une promesse de voyage et nous offre à apercevoir les rivages de nouveaux paysages, inattendus, et donc à explorer. Profitons du vent qui souffle vers ce continent pour larguer les amarres.
Pour les fans de Broadcast, Ghost Box, Excepter, The Focus Group. (FL)