Lydia Lunch & Big Sexy Noise + Sisterhood Issue

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  • Production : TP

Chronique

Découvrez ici l'interview de Lydia Lunch faite au Temps Machine par Gagarama.

(émission diffusée sur radio Béton, un mercredi sur deux de 20h00 à 21h00)

 

LYDIA LUNCH & BIG SEXY NOISE (USA)

Il serait très réducteur d’écrire l’histoire de Lydia Lunch à la manière d’un conte de fée hardcore transformant une gamine paumée en icône trash de la no-wave et du postpunk new-yorkais de la fin des années 70 : son histoire s’écrit encore aujourd’hui, et elle n’a rien perdu de sa colère, ni de son talent, bien au contraire. Pourtant, on ne peut passer outre l’évocation de la réalité douloureuse de son enfance (misère, inceste) et de son adolescence dans le Lower East Side ravagé par la drogue et la prostitution, pour saisir l’origine de ses blessures, indélébiles, et point de départ de son oeuvre. L’histoire a déjà été racontée mille fois (son «adoption» par Martin Rev et Alan Vega de Suicide à son arrivée à NY, sa relation avec James Chance et leur groupe éclair Teenage Jesus and The Jerks, «cultifié» par Brian Eno qui enregistra cette scène No Wave pourtant éphémère dans sa compilation No New York de 1978), mais Lydia Lunch a réussi à s’échapper de la pression de cette mythologie underground avec ses deux albums solo magistraux («Queen Of Siam» en 80 et «13:13» en 82), qui seront le véritable début d’une carrière qui jalonnera les plus belles fulgurances de la scène underground des ces trente dernières années. Des rencontres déterminantes avec Einstürzende Neubauten, Rowland S.Howard de Birthday Party, Jim «Foetus» Thirwell, Nick Cave ou encore Sonic Youth donneront ainsi naissance à des enregistrements «sur mesure», témoignage punk gothique de la face noire des années 80. Mais Lydia Lunch ne s’arrêtera pas à la musique. Actrice (entre autre dans les films de Richard Kern et son fameux clip de Death Valley ‘69 de Sonic Youth), scénariste et réalisatrice, c’est finalement dans le spoken word (l’ancêtre du slam) qu’elle trouvera sa forme favorite d’expression, notamment avec Exene Cervenka, la chanteuse du groupe X, Henry Rollins ou Hubert Selby Jr (ce dernier préfacera «Paradoxia», son autobiographie rééditée cette année, cette fois-ci préfacée par Virginie Despentes). Une carrière dense, très dense, avec un fabuleux retour au rock ces dernières années, sur disque et sur scène, incarné par son nouveau groupe, Big Sexy Noise, composé de membres de Gallon Drunk, soit l’historique James Johnston (par ailleurs guitariste des Bad Seeds de Nick Cave à partir de 1994), Ian White (à la batterie) et Terry Edwards (au saxophone et claviers aussi aux côtés de Tom Waits, Spiritualized, Siouxsie, Tindersticks ou PJ Harvey). Du lourd donc, et un nouvel album qui renvoie dans les cordes les plus musculeux rockers actuels. Le conte de fée trash de Lydia Lunch ne semble pas vouloir se terminer - elle aura toujours des dragons à combattre - et continue d’écrire les pages les plus excitantes de la grande histoire du rock'n'roll. (FL)

SISTERHOOD ISSUE (Tours, FR)

Le punk et Tours, c’est une belle et vieille histoire d’amour qu’il faudra un jour écrire. C’est surtout une scène qui, bien allaitée par les débuts de Radio Béton il y a 25 ans et l’explosion du rock alternatif français, s’est pris en pleine poire les années 90 et les bombes lancées par, entre autres, les labels Epitaph (NOFX, Rancid, Bad Religion, Pennywise...) et Fat Wreck (Lagwagon, No Use For A Name, Propagandhi...), enfants bénis de la sainte trinité Black Flag/Minor Threat/Dead Kennedys. Groupes, fanzines, émissions de radio, assos, labels, distribution, festivals : la jeunesse tourangelle n’a cessé depuis d’entretenir cette tradition punk hardcore locale, en gérant tout de A à Z, privilégiant l’autonomie, l’entraide et les réseaux alternatifs pour propager la bonne parole, toujours sur la route et des projets plein le coffre (l’organisation tout terrain de groupes comme les Portobello Bones dans les 90s et Nine Eleven aujourd’hui devrait être étudiée dans les écoles du rock, si toutefois ça existait - mais espérons que ça n’existe jamais : le Do It Yourself, ça ne s’apprend pas, ça se fait). Grandes soeurs de cette petite famille punk tourangelle, Sisterhood Issue est un groupe mené par deux filles en front, Giny et Delphine pour la guitare et le chant (qu’on a connu, sans Delphine, en trio 100% féminin de 2007 à 2010), et une rythmique basse/batterie masculine. N’attendez pas pour autant un caractère particulier à cette «question de solidarité féminine» : il est surtout question ici de punk hardcore bulldozer, hérité on imagine de longues heures d’écoute impressionnée de Minor Threat, Circle Jerks et tous ces groupes cités plus haut, et une poignée d’années à sillonner les routes pour donner des concerts explosifs un peu partout en France. On connaissait plein de groupes de filles bruyantes (L7, Babes In Toyland, Bikini Kill, Hole, Queen Adreena, Le Tigre, X Ray Spex, Lunachicks, The Slits, X ou Sleater Kinney, entre autres), mais c’est Sisterhood Issue qui gagne haut la main au niveau du bruit et de la puissance ! En vrai, on a beau chercher, on n’a pas encore trouvé d’équivalent, dans le genre. La classe. (FL)

icône / punk / rock / blues / spoken word / poésie / trash LYDIA LUNCH
hardcore / girls / punk / yeaaaaaaah SISTERHOOD ISSUE